samedi 24 novembre 2007

Guérilla

La guérilla est un terme emprunté à l'espagnol utilisé pour décrire des combats en petits groupes, mobiles et flexibles pratiquant une guerre de harcèlement, d'embuscades, de coups de main menée par des unités régulières ou des troupes de partisans sans ligne de front.

Les tactiques de guérilla sont une des plus anciennes formes de guerre dissymétrique du faible au fort avec des cibles militaires en jargon militaire; contrairement au terrorisme elles ne visent pas les civils. Les principaux auteurs modernes de la théorie de la guérilla sont Abdelkrim El Khattabi, Thomas Edward Lawrence, Mao Zedong et Che Guevara, mais sa théorisation est bien plus ancienne : elle remonte à l’empereur byzantin Nicéphore II Phocas[1]. La guerre asymétrique est toujours celle du faible au fort, à la différence de la guerre dissymétrique, avec des cibles collatérales faibles et sans défense, comme le fils pour le père, la population et l'institution civiles pour l'autorité contestée avec ses forces policières et militaires.

Selon Richard Taber[2], la guérilla a pour but politique de renverser une autorité contestée par de faibles moyens militaires très mobiles utilisant les effets de surprise et avec une forte capacité de concentration et de dispersion. La tactique des commandos britanniques durant la Seconde Guerre mondiale est proche de celle de la guérilla, mais diffère dans le but qui est militaire pour les commandos et politique pour la guérilla. Les "forces spéciales" d'aujourd'hui sont les héritières directes de ces commandos britanniques. Souvent, il y a confusion entre guérilla et commando dont la similarité est dans la tactique et la différence dans la stratégie à la fois militaire et psychologique pour atteindre le but de renverser un gouvernement.

Le but politique se réalise par des stratégies militaires et des stratégies diplomatiques combinées qui orientent et délimitent des tactiques possibles, comme celle du couple "terrorisme et propagande" souvent rencontré et parfois confondu avec la guérilla.

sources: wikipedia

samedi 17 novembre 2007

La propagande

La propagande existe depuis longtemps. On en trouve des traces chez les peuples de nouvelle Guinée selon Margareth Mead antrophologue entre les deux guerres, et certains de ses confrères utilisent cette terminologie pour évoquer la mise en scène des souverains de Babylonie.

Le néologisme « propaganda » a été formé en 1622 par la curie romaine lorsqu'elle fonde la congrégation pour la propagation de la foi ( congrégation de propaganda fide ). Il désigne toutes les techniques utilisées pour diffuser la foi catholique. Mais au XIXème siècle, avec le développement de la démocratie et des systèmes électoraux, il prend la signification de propagation d'idées puis, plus tard, de doctrines politiques.



La propagande outil de la politique de masse
Elle est très largement utilisée par les socialistes qui reprennent le concept chrétien d'activité s'adressant à de larges auditoires appartenant à un vaste territoire géographique. En Italie, elle est conçue comme l'éducation du prolétariat illettré, alors qu'en France les socialistes envoient leurs propagandistes porter leur message aux masses des travailleurs. Les prophètes du socialisme (Marx, Bakounine, Proudhon) ont leurs missionnaires pour convaincre les travailleurs du bien fondé des changements politiques qu'ils préconisent. La propagande s'accompagne d'images produites sur différents supports (cartes postales, médailles, journaux illustrés, bustes…) pour en assurer l'impact. La sécularisation de la propagande gagne aussi d'autres mouvements dont ceux des nationalistes.


La propagande devient objet de réflexion : on réfléchit sur ses méthodes, les moyens utilisés, ses contenus
Elle devient un domaine particulier de l'activité politique avec ses théories intellectuelles : théorie des foules apparentées à des êtres moraux, doués de réactions, de passions, le théoricien le plus connu étant Gustave Le Bon et sa « psychologie des foules « 1895 qui a inspiré Lénine et Mussolini. La propagande a ses agents, ses outils, et quelques artistes, des peintres, des dessinateurs vont contribuer à l'illustrer.

Mais c'est au tournant du siècle que la relation propagande-image va s'accentuer sous l'effet du changement du rapport entre l'art et les masses. L'art cherche à sortir de l'élitisme qui lui est propre et s'inspirant de l'essor de l'imagerie commerciale, va « s'ouvrir » aux masses. C'est Georges Morel ( 1847 -1922 ) l'un des pères de la psychologie sociale, qui focalise sur l'impact des images en politique et qui pose la nécessité de mythes mobilisateurs qu'il définit comme des images mentales, des représentations : nation, révolution, grève générale, société idéale. Son objectif est de sortir les masses de leur léthargie et les amener à réagir collectivement. Désormais le lien entre image et appréhension de la vie publique se solidifie avec pour objectif de façonner les comportements humains.

Source:
http://www.planetenonviolence.org

jeudi 8 novembre 2007

Évolutions théoriques et méthodologiques dans la recherche en néologie scientifique et technique

Évolutions théoriques et méthodologiques dans la recherche en néologie scientifique et technique

Isabel Desmet
Université Paris 8

Introduction

Le néologisme, étant la forme engagée des besoins nouveaux, constitue le signe du changement linguistique et des mutations sociales d’une époque donnée. Par conséquent, il est un des meilleurs terrains des phénoménologies linguistiques, sociales, culturelles et politiques.

Du point de vue linguistique, les systèmes des langues permettent le recours à un ensemble de procédés morphologiques, morphosyntaxiques et morphosémantiques pour créer les nouvelles dénominations. Du point de vue culturel, la néologie reflète l’évolution et l’état de développement scientifique, technique et culturel d’une société. Enfin, du point de vue politique, sur le plan de l’expression, la société qui utilise une langue donnée doit disposer de dénominations qui garantissent l’aptitude de la langue à servir les besoins d’expression et de communication de ses locuteurs.

En ce qui concerne spécifiquement la langue portugaise et la langue française, les mutations sociales et surtout technologiques des dix dernières années conduisent à des changements profonds dans les procédés de formation, développement et diffusion des néologismes spécialisés. À leur tour, ces changements mènent à revoir certains acquis théoriques et méthodologiques dans la recherche en néologie scientifique et technique.

À partir d’exemples concrets du portugais européen et du français, nous tenterons de démontrer comment les recherches en néologie comparative conduisent à la compréhension de certains mécanismes nouveaux dans la formation, le développement et la diffusion des néologismes spécialisés. Ces nouveaux mécanismes, très dépendants des nouvelles technologies de l’information, obligent à repenser certains acquis théoriques et méthodologiques.

Du point de vue théorique, nous soutenons une démarche foncièrement confrontative pour ce qui concerne les langues néo-latines, mettant en lumière des particularités souvent invisibles dans la recherche unilingue.

Du point de vue méthodologique, nous prônons une description de la néologie scientifique axée à la fois sur la linguistique textuelle et la diversité discursive.

1. Quelques traditions en théorie et méthodologie de la néologie générale et de spécialité

Néologisme et néologie ne sont pas des concepts linguistiques que l’on puisse saisir facilement et encore moins en dehors d’un certain cadre théorique (voir Guilbert, 1975). Cependant, il n’est pas question ici de présenter ou d’évaluer la néologie dans le cadre des différentes théories linguistiques (nous renvoyons pour cela aux travaux récents de Sablayrolles, 2000, par exemple).

Nous proposons tout simplement de revisiter quelques acquis théoriques et méthodologiques en matière d’études néologiques qui nous viennent des travaux entamés et développés à partir des années 60/70 et qui influencent encore les études néologiques, malgré les évolutions technologiques et sociétales de nos jours. Cet héritage concerne pour l’essentiel les procédés de formation, développement et diffusion des néologismes spécialisés.

1.1 Néologie et néonymie

Dans la tradition des études néologiques, on considère que les néologismes qui s’installent dans les langues relèvent fréquemment au départ des discours des sciences et des techniques, car ils sont crées pour des besoins de dénomination de nouveaux concepts et de nouveaux produits. Les rapports existant entre néologie et langues de spécialité sont donc très étroits, car les nouvelles créations lexicales surgissent avec les nouveaux produits, et les nouveaux concepts scientifiques, techniques et technologiques. Pour cette raison, Rondeau (1984) crée le terme "néonymie" pour désigner l’unité lexicale spécialisée et la distinguer du néologisme de la langue générale.

Dans une première étape des études néologiques et néonymiques, les linguistes néologues se penchent sur les caractéristiques communes et les caractéristiques distinctives de ces deux types d’unités lexicales. Sans vouloir développer ici la question (voir Desmet, 2002), de nombreux travaux prouvent que d’un point de vue strictement formel, néologismes et néonymes partagent un bon nombre de caractéristiques. Malgré la diversité de typologies existantes, il est plus ou moins admis que néologismes et néonymes font appel aux procédés de formation que chaque langue peut leur offrir et les néologues les répartissent généralement en trois grands groupes qui recouvrent d’autres sous-types : néologie formelle, néologie sémantique et néologie par emprunt.

Quant aux critères de repérage des néologismes et des néonymes, les paramètres normalement utilisés sont les suivants :

la diachronie : une unité est néologique si elle apparaît à une période récente ;

la lexicographie : une unité est néologique si elle n’apparaît pas dans les dictionnaires, généraux, spécialisés ou terminologiques ;

la nouveauté : une unité est néologique si elle est perçue comme nouvelle par les locuteurs ;

l’instabilité : une notion a priori nouvelle est dénommée alternativement par deux ou plusieurs formations néologiques différentes, ce qui conduit à la variation dénominative (pour le caractère relatif de ces critères, aussi bien que pour une typologie d’instabilités, voir Desmet, 2002).


les néonymes "naissent" dans les textes scientifiques, techniques et officiels ;
les premiers utilisateurs sont les spécialistes d’un domaine, car normalement un terme nouveau apparaît dans les textes hautement spécialisés au moment où surgit un nouveau concept, et cela grâce aux découvertes d’un scientifique ou d’un professionnel.

1.2 De la spécialisation à la banalisation

Dans la tradition des études terminologiques, il est normalement admis que lorsque les termes nouveaux dénommant de nouveaux concepts et de nouveaux produits scientifiques et techniques se divulguent, puis se banalisent, autrement dit entrent dans les discours du non spécialiste, voire dans ceux de l’homme de la rue, ils intègrent la langue générale, en perdant en partie leur statut spécialisé, et entrent par la suite dans les dictionnaires de langue générale.

Comme l’affirme J.C. Boulanger (1989 : 202), "certains néologismes, plus résistants ou plus indispensables que d’autres, se faufilent, plus ou moins rapidement dans les dictionnaires, tandis que d’autres seront mis dans une sorte d’antichambre lexicographique, en attendant la panthéonisation dans les grands dictionnaires".

Ainsi et dans la tradition des études néologiques, les termes naissent dans les textes hautement spécialisés ou officiels. Les divulgateurs (presse écrite et presse orale) se chargent de les diffuser, jusqu’au processus de totale banalisation. À ce sujet, rappelons les célèbres schémas de R. Galisson sur les niveaux de langages et le processus de banalisation (1979, p.78 et p. 125).

En effet et selon la tradition, il s’agit d’un cheminement à sens unique et descendant, axé sur la notion de strates de langues, de strates textuelles et de strates de locuteurs d’une communauté linguistique donnée. Nous pourrons le représenter de la façon suivante :



Figure 1 : Représentation du parcours traditionnel de la néologie de spécialité à l’intérieur d’une seule langue.

Ces stratifications, héritées des travaux des années 70/80, sont encore bien ancrées dans l’esprit des linguistes néologues, généralistes ou de spécialité et trouvent encore leur place dans des publications récentes (voir, par exemple, J.G. de Enterría, in La Neologia en el tombant de segle, IULA, 2000, p.75)

1.3 Conséquences méthodologiques

Des acquis théoriques exposés dans les points précédents résultent quelques clivages méthodologiques plus ou moins généralisés :


le lexicologue travaille sur la néologie de la langue générale et le terminologue sur la néologie de spécialité ;
la néologie de la langue générale, dans différents domaines ou secteurs d’activités, est normalement puisée dans des corpus de la presse générale (quotidiens, hebdomadaires, magazines, etc) ; la néonymie est normalement traitée à partir de corpus textuels hautement spécialisées ou officiels, y compris la presse pour spécialistes.

Toutefois et depuis longtemps, certains linguistes établissent le pont entre ces deux ensembles discursifs. A titre d’exemple, rappelons les travaux de M.-F. Mortureux sur les mécanismes de reformulation lexicale opérés lors du passage des termes des discours spécialisés aux discours divulgateurs (voir bibliographie). Mais le clivage existe davantage accentué entre ce que l’auteur appelle les discours primaires ou spécialisés et les discours seconds ou divulgateurs.

2. Quelques changements théoriques et méthodologiques dans la recherche en néologie spécialisée

Dans le présent travail, nous proposons de démontrer qu’il faut relativiser les acquis théoriques et méthodologiques précédemment exposés, pour la plupart issus d’une vision uniquement intralinguistique et hérités d’une époque où les nouvelles technologies de l’information et de la communication en étaient encore à leurs premiers balbutiements, et où la mondialisation était encore virtuelle.

Internet et tous les nouveaux outils télématiques viennent tout bouleverser dans la circulation du savoir, non seulement à l’intérieur des langues, mais surtout entre les langues. Les mutations sociales et technologiques des dix dernières années conduisent à des changements profonds dans la circulation des néologismes spécialisés, qui viennent secouer certaines idées reçues d’époques précédentes. À "l’ère d’une terminologie informationnelle" (Depecker, 1998 : 7-13), il faut également repenser la théorie et la méthodologie de la recherche en néologie de spécialité.

À partir d’exemples du français et du portugais européen, nous tenterons de démontrer comment les recherches comparatives multicorpus conduisent à la compréhension de quelques mécanismes nouveaux dans la circulation des néologismes spécialisés.

2.1 Du choix de nos exemples : le corpus de référence

Il nous faut tout d’abord situer nos exemples. Cela fait plus de treize ans que nous constituons progressivement des corpus de référence dans le cadre de nos recherches en linguistique textuelle et lexicale de spécialité, dans une perspective comparatiste français-portugais.

Dans le cadre de l’enseignement et de la recherche, nous visons surtout trois grandes applications de la terminologie théorique :


l’enseignement/apprentissage d’une ou plusieurs langues de spécialité ;
la traduction générale et spécialisée ;

la "nouvelle" lexicographie spécialisée (électronique) bilingue et plurilingue, au service de l’enseignement et de la traduction générale et de spécialité.

Les mémoires terminologiques réalisés dans le cadre de la filière LEAT alimentent en partie nos bases de données textuelles et terminologiques, notamment dans les domaines des sciences sociales et humaines, politiques, économiques et juridiques. Ces bases qui constituent déjà des corpus diachroniques peuvent être considérées comme de véritables observatoires du français et du portugais contemporains dans les domaines référés antérieurement, même si elles n’ont pas ce statut officiel.

Très liées à la traduction générale et de spécialité pratiquée dans le cadre des enseignements, à l’Université Paris 8, elles comportent, en effet, des textes de degrés de spécialisation très variables, depuis les textes hautement spécialisés jusqu’à des textes de la presse générale.

Pour ce qui concerne les critères de constitution des corpus dans les deux langues, ils sont normalement comparables, voire parallèles lorsqu’il s’avère possible.

Très souvent et en fonction des activités de traduction du français vers le portugais, nous commençons nos recherches et alimentons nos bases en partant du français de France. Par conséquent, nous pouvons observer de façon systématique non seulement les différentes étapes de naissance, installation et diffusion des néologismes dans chaque langue, mais aussi les processus de circulation des nouveaux termes entre elles, y compris toutes les phases d’instabilité dans l’installation ou refus d’un nouveaux terme (voir Desmet, 2002).

La perspective comparatiste, une méthodologie axée à la fois sur la linguistique textuelle et la diversité discursive et une recherche documentaire qui s’appuie sur les nouvelles technologies nous permettent de mettre en lumière des particularités actuelles de la néologie, invisibles dans la recherche unilingue et unicorpus.

2.2 La néonymie contemporaine inter-langues : de la divulgation à la spécialisation

Pour démontrer que les clivages entre néonymie et néologie, entre divulgation et spécialisation ou même, que le parcours descendant de la spécialisation à la divulgation sont aujourd’hui à relativiser, notamment dans la néologie comparative, nous présenterons deux exemples de parcours néologiques en français et en portugais, le premier dans le cadre du Droit Civil et le deuxième dans le cadre du Droit du Travail.

En France et en matière de Droit Civil, le 15 novembre 1999 naît officiellement un néonyme : "Pacte civil de solidarité", rapidement réduit à la forme acronymique PaCS dans les discours divulgateurs. Un nouveau titre est ainsi ajouté au Code Civil : "Du Pacte civil de solidarité et du concubinage" (Titre XII).

Selon la loi n° 99-944 du 15 novembre 1999 et publiée dans le Journal Officiel n° 265 du 16 novembre 1999, l’article 515-1 définit le PaCS de la manière suivante :

Un pacte civil de solidarité est un contrat conclu par deux personnes physiques majeures, de sexe différent ou du même sexe, pour organiser leur vie commune.
Destiné à tous, hétérosexuels et homosexuels, le PaCS permet surtout aux couples de même sexe d’être reconnus comme tels, mettant fin ainsi au refus réitéré de la Cours de Cassation de leur accorder la qualité de concubins.

Dix ans auparavant, un néonyme a été crée, le "Partenariat civil", suivi de dénominations successives, mais constituant toutes des néonymes "avortés". Depuis le 15 novembre 1999, près de cinq ans se sont écoulés et le terme semble être bien enraciné dans la langue française, notamment dans sa forme réduite, tant du point de vue formel que du point de vue sémantique, puisqu’il n’y a pas eu jusqu’à présent de modification à la loi de 1999. Cependant, certaines instabilités graphiques peuvent être identifiées dans la presse générale, de 1999 à 2003 : PACS, PaCS, pacs, etc. Cela n’a pas pour autant empêché le développement rapide du paradigme morphologique : pacs, pacsé(e), (se) pacser.

Dans les textes officiels, le "pacsé" correspond toujours au "partenaire" et "se pacser" correspond toujours à "conclure un pacte civil de solidarité" (voir Livre 1 er du Code Civil français).

Au cours de l’année universitaire1999/2000 et dans le cadre de la formation en traduction multicorpus, nous avons un texte de la presse française à traduire vers le portugais, portant sur le sujet et présentant tout le paradigme morphologique de la langue générale. La presse portugaise ne fournissant aucun texte sur la question, nous nous sommes tournés vers les textes officiels et la consultation de spécialistes. Et, effet, dans l’article 2020 du Code Civil portugais, datant de 1997, il existe le terme "união de facto", défini de la façon suivante :

Aquele que no momento da morte de pessoa não casada ou separada judicialmente de pessoas e bens, vivia com ela há mais de dois anos em condições análogas às dos cônjuges tem direito a exigir alimentos da herança do falecido.
Enfin, on avait trouvé un correspondant en portugais. Cependant, il correspondait exactement au terme français "union de fait" présenté comme synonyme de "concubinage", figurant dans le Code Civil français avant la loi du 15 novembre 1999. "União de facto" tout comme "union de fait" ne sont pas équivalents de "pacs", car le concept n’est pas extensible à des partenaires du même sexe. La traduction n’a pas été une véritable réussite.

Par la suite, l’observation systématique de la presse portugaise entre 2000 et 2001 a permis de suivre de près les mouvements sociaux des homosexuels au Portugal, de recueillir des textes portugais référant le phénomène en France et même de répertorier quelques occurrences du calque de "pacs" : "Pacto Civil de Solidariedade".

La pression sociale exercée par la presse générale portugaise, aussi bien que les mouvements sociaux, ont conduit les législateurs portugais à créer en 2001 un véritable néonyme de sens.

Ainsi, l’ancien article du Code Civil de 1997 portant sur "l’união de facto" est remplacé par l’article 161 de la Constitution, en 2001 :

A presente lei regula a situação jurídica de duas pessoas, independentemente do sexo, que vivam em união de facto há mais de dois anos.
Le calque du français ne s’est pas imposé et quand il surgit dans la presse portugaise c’est dans le but de référer la réalité française. La forme ancienne "união de facto" reste dans la langue portugaise, mais elle gagne un nouveau sens à partir de la loi de 2001. Par ailleurs, le texte de loi concernant les droits des « pacsés portugais » est pratiquement décalqué de la loi française du 15 novembre 1999. Toutefois, il n’existe pas en portugais un paradigme morphologique populaire comme celui du français.

Un cheminement très proche de celui-ci s’est également produit dans le cadre du Droit du Travail pour les termes "harcèlement sexuel" et "harcèlement moral au travail", à une exception près : la traduction littérale du français a été adoptée ("assédio sexual", "assédio moral no trabalho") [1].

2.3 Conséquences théoriques et méthodologiques

Des exemples présentés, qui pourraient être multipliés, nous pouvons tirer quelques leçons théoriques et méthodologiques, au moins pour les domaines que nous traitons depuis longtemps :


si d’un point de vue strictement intralinguistique les acquis présentés dans le point 1 du présent exposé restent encore valables, d’un point de vue inter-linguistique ils sont à revoir ;
lorsque l’on compare des langues et des cultures proches de façon systématique, on peut conclure que les néonymes ne naissent pas toujours dans les textes spécialisés et que les premiers utilisateurs ne sont pas toujours les spécialistes, mais très souvent les divulgateurs.

Ainsi, d’une langue à l’autre, on peut assister parfois à un parcours inverse de celui vérifié à l’intérieur d’une seule langue. Nous pourrons le représenter de la façon suivante :



Figure 2 : Représentation d’un parcours possible de la néologie de spécialité entre deux langues apparentées.

D’une langue à une autre, le chemin parcouru par un néonyme se fait parfois de la divulgation à la spécialisation, les nouvelles technologies et les médias contribuant en partie au développement de ce processus.

Conclusion

Du point de vue théorique, nous soutenons une démarche foncièrement confrontative pour ce qui concerne l’étude de la néologie dans les langues néo-latines.

Du point de vue méthodologique, nous prônons une description de la néologie et de la néonymie axée à la fois sur la linguistique textuelle, sur les nouvelles technologies, sur les nouvelles méthodes de recherche documentaire et, surtout, sur la diversité discursive. Autrement dit, nous soutenons une méthodologie portant sur des ensembles discursifs de différents degrés de spécialisation, mais sans a priori réducteurs qui, à nos yeux, empêchent l’observation réelle des phénomènes néologiques et des échanges entre langues et cultures.

Références bibliographiques

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BOULANGER, J.-C. (1989) : “L’évolution du concept de néologie de la linguistique aux industries de la langue”, Terminologie diachronique, Paris, CILF, pp. 193-211.

CORBIN, D. (1975) : “La notion de néologisme et ses rapports avec l’enseignement du lexique”, Bref, vol.4, pp. 41-57.

DE ENTERRÍA, J.G. (2000) : "Últimas tendencias neológicas en la prensa económica”, La neologia en el tombant de segle, Barcelona, IULA, pp.75-84.

DEPECKER, L. (1998) : "L’ère de la terminologie informationnelle", Revue française de linguistique appliquée, vol. III, Amsterdam, Editions De Werelt, pp. 7-13.

DESMET, I. (1990) : "A propósito da neologia terminológica do português. O caso do empréstimo", Actas do Colóquio de Lexicologia e Lexicografia, 26 e 27 de Junho de 1990, Lisboa, INIC, Centro de Estudos Comparados, Linha de acção 2, Núcleo de Estudos de Linguística Contrastiva, Universidade Nova de Lisboa, pp.182-187.

DESMET, I. (1990) : "Princípios teóricos da terminologia. Especificidades da neonímia", Terminologias nº 1, Lisboa, TERMIP, pp. 14-26.

DESMET, I. (1994) : "Suggestions pour une approche terminologique des sciences sociales et humaines", Terminogramme, nº 72, Québec, Office de la langue française, Les publications du Québec, pp.1-5.

DESMET, I. (1995) : "Terminologia e vocabulários científicos e técnicos do português. Princípios teóricos e metodológicos", Actas do 4º Congresso da Associação Internacional de Lusitanistas, Universidade de Hamburgo, 6 a 11 de Setembro de 1993, Lisboa, Lidel, pp.63-74.

DESMET, I. (1996) : Pour une approche terminologique des sciences sociales et humaines. Les sciences sociales et humaines du travail en portugais et en français, thèse de doctorat en sciences du langage, Université Paris XIII, 3 tomes (environ 800 pages).

DESMET, I. (1998) : “Caractéristiques sémantiques, syntaxiques et discursives des vocabulaires spécialisés. Quelques données théoriques et pratiques pour la lexicographie spécialisée”, Actes du 2 ème Colloque de Linguistique Appliquée, Les linguistiques appliquées et les sciences du langage, Strasbourg, COFDELA Publications, pp. 292-305.

DESMET, I. (1998) : “Contribution à une étude morphologique des vocabulaires spécialisés : la notion de paradigme dérivationnel appliquée aux terminologies scientifiques et techniques”, Actes du XXIIème Colloque international de linguistique fonctionnelle, Université d’ Evora.

DESMET, I. (1999) : “Enjeux lexicaux et phaséologiques du discours journalistique : bilans économiques dans les quotidiens portugais, français et espagnols”, Travaux et Documents n° 4, Université Paris 8 – Presses Universitaires de Vincennes – Saint-Denis, pp 165-186.

DESMET, I. (2001) : “Le portugais et le français en dialogue dans la presse écrite : analyse de certains mécanismes de variation linguistique. Variation lexicale intra- et interlangues dans le domaine de la politique internationale”, Travaux et Documents n° 11, Presses Universitaires de Vincennes – Saint-Denis, pp.73-105.

DESMET, I. (2002) : "Néologie du portugais contemporain : une zone d’instabilité linguistique", Travaux et Documents n° 16, Presses Universitaires de Vincennes-Saint-Denis, pp.77-99.

GALISSON, R. (1979) : Lexicologie et enseignement des langues, Paris, Hachette.

GAUDIN, F., GUESPIN, L. (2000) : Initiation à la lexicologie française. De la néologie aux dictionnaires, Bruxelles, Duculot.

GUILBERT, L. (1975) : La créativité lexicale, Paris, Larousse.

LERAT, P. (1995) : Les langues spécialisées, Paris, PUF.

LINO, M.T. (1989) : “Língua portuguesa, língua das ciências e das técnicas : neologia científica e técnica e lexicografia”, Congresso Internacional “Língua Portuguesa – Que futuro ?”, Lisboa.

LINO, M.T. (2001) : “De la néologie à la lexicographie spécialisée d’apprentissage”, Cahiers de lexicologie, n° 78, Paris, Honoré Champion, pp.139-145.

MORTUREUX, M.F. (1997) : La lexicologie entre langue et discours, Paris, Sedes.

MORTUREUX, M.F. (1995) : "Les vocabulaires scientifiques et techniques", Carnets du CEDISCOR 3, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, pp.13-25.

RONDEAU, G. (1984) : Introduction à la terminologie, Québec, Gaëtan Morin.

SABLAYROLLES, J.-F. (2000) : La néologie en français contemporain. Examen du concept et analyse de productions néologiques récentes, Paris, Honoré Champion.

XU, Z. (2001) : Le néologisme et ses implications sociales, Paris, L’Harmattan.

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[1] Ce dernier exemple a été présenté et développé lors d’une conférence intitulée “Instabilités linguistiques dans les vocabulaires de spécialité”, proférée le 14 février 2003 à l’Université Nouvelle de Lisbonne.

jeudi 1 novembre 2007

Lebanon Paradise!

Néologisme politique

Expression ou néologisme politique

Cet article est une ébauche à compléter concernant la politique, vous pouvez partager vos connaissances en le modifiant.

Comme dans la langue française en général, le vocabulaire politique évolue de façon constante et voit régulièrement apparaître des nouvelles expressions et des néologismes.

Parfois créés sans but partisan, ces expressions nouvelles et néologismes politiques peuvent aussi être le fait d'une communication politique active, dans un but de publicité médiatique ou de propagande. Les idées politiques sont parfois diffusées grâce à ces expressions nouvelles et néologismes destinés à être diffusés par les médias. Cette diffusion permet une propagation de l'idéologie sous-tendue par la création du néologisme.

De fait, ces expressions nouvelles et ces néologismes sont généralement utilisés par un bord politique, et rejetés par les autres.

Certains s'appliquent directement à une personne, d'autres sont créés pour soutenir une idée.

Les expressions nouvelles et les néologismes traversent parfois les barrières des langues, et peuvent ainsi se répandre à une échelle transnationale.

Le néologisme en tant que moyen d'expression politique
Notons tout d'abord que tous les mots de la langue ont d'abord été des néologismes. C'est ensuite la popularité de l'expression qui lui permet d'obtenir un statut « officiel », et entrer dans les dictionnaires… et les encyclopédies.

Les néologismes sont parfois neutres (ouiste ou noniste), soit politiquement connotés et destinés à transmettre une idée.

Les expressions politiques
Pour diffuser plus facilement leurs idées, les hommes politiques et les groupes d'influences recourent parfois à des expressions. Ainsi les expressions War on Terror (Guerre contre le terrorisme en français), islamophobie (pour créer un amalgame entre la critique de la religion et le racisme), ultralibéralisme (pour faire paraître extrémiste la défense du libéralisme), ou encore ratonnade anti-blanc (qui est un détournement du sens originel de ratonnade, qui ne s'applique que pour désigner des violences raciste contre les nord-africains), sont des expressions connotées politiquement. Elles permettent, lorsqu’elles sont reprises par les médias, la diffusion d'une idéologie à travers la société, et permettent une certaine déformation du sens originel.

Parmi les expressions politiques, il y a aussi celle qui détourne le sens originel d'un mot. Ainsi, le nom islamiste n'est plus employé dans le sens qu'il avait au XVIIe siècle et favorise aujourd'hui l'amalgame entre la religion musulmane et une certaine violence politique. Lire l'introduction de l'article Islamisme.
C'est aussi le cas du terme jeune qui dans le vocabulaire politique et politiquement correct est utilisé comme synonyme de délinquant issu de banlieue.

Néologismes technocratiques
Les néologismes sont parfois inventés dans un but euphémisant. Ainsi l'expression SDF (pour qualifier les sans-logis, et les clochards), aujourd'hui courant, est une expression inventée par l'institution étatique ayant pour effet une catégorisation sociale dans laquelle n'apparaît pas la notion de pauvreté et de misère.

L'expression plan social est un autre terme inventé par l'institution, qui, par l'emploi de l'adjectif positif social, permet d'euphémiser la notion des licenciements associés. [1]

La diffusion inter-langues
Les expressions ou néologismes nouveaux traversent parfois les frontières.

Il peut arriver que certains mots reviennent dans leur langue d'origine, après être passés dans d'autres langues. C'est le cas par exemple du terme gouvernance (d'origine grecque et latine), qui existait en ancien français. Ce terme est souvent employé depuis les années 1990 dans les milieux de l'ONU, de la Banque mondiale, du FMI, et des grandes entreprises multinationales. Ce terme est fréquemment employé dans le contexte de la mondialisation. En tant que terme hérité de l'ancien français, c'est une expression nouvelle plutôt qu'un néologisme à proprement parler .

La célèbre expression War on Terror, inventée par George W. Bush après les attentats du 11 septembre de New York fut reprise sous le vocable Guerre contre le terrorisme en France. L'Axe du Mal (Axis of Evil) est aussi une célèbre expression. Elle permet de désigner quelques pays dans le monde, peu appréciés des États-Unis, comme inspirés par le diable ou le démon. La consonance religieuse de l'expression permet de donner un jugement moral inspiré par Dieu contre les pays visés.

À l'inverse, le gouvernement de l'Iran qualifie les États-Unis de Grand Satan, et Israël de Mère de Satan, dans une tentative de diabolisation.

L'expression anglaise Flexicurity, à l'origine danoise,[2] a traversé la manche pour devenir flexicurité (ou flexsécurité) en français.

Exemples
Relatifs à une personne
Raffarinade, terme péjoratif cherchant à ridiculiser le discours de Jean-Pierre Raffarin, phonétiquement inspiré du terme Mazarinade, relatif à Mazarin.
Fabiusien, Chiraquien, Mitterrandien, Lepeniste, Sarkoziste désignent de façon plus ou moins neutre selon le contexte les partisans des personnes politiques
Chiraquie, terme désignant de façon péjorative l'entourage de Jacques Chirac et par extension son mode de gouvernement.
Bushisme désigne de façon moqueuse les erreurs de George W. Bush lors de ses interviews.
Busherie, terme désignant de façon péjorative la politique de George W. Bush et la guerre en Irak (par la proximité phonétique avec le terme boucherie)
Lepénisation des esprits, désignant l'acceptation progressive, réelle ou supposée, des thèses de Jean-Marie Le Pen par les français.
Relatifs à un concept ou une idéologie
Consom'acteurs, néologisme qui définit les citoyens qui utilisent leur pouvoir d’achat comme pour exercer un contre-pouvoir.
Démocrature, terme désignant un caricature de démocratie ou une démocratie proche d'une dictature.
droit-de-l'hommiste, pour dénigrer des organismes et mouvements qui centrent leurs actions en les justifiant sur les principes des droits de l'homme, comme par exemple l'association Droit au logement, ou la LDH.
Employabilité, souvent associé à l'expression "améliorer l'employabilité".
Flexicurité, qui permet d'associer les notions pas forcément évidentes d'emplois flexibles et de sécurité des parcours professionnels.
Islamophobie, qui favorise l'amalgame entre le blasphème envers l'islam et le racisme envers les musulmans.
Noniste et ouiste (ou plus moqueur oui-ouiste), qui furent appliqués aux adversaires et partisans du Traité Constitutionnel Européen
Ripoublique, terme inventé par Jean-Marie Le Pen pour qualifier selon lui la république des ripoux.
Ultralibéralisme pour dénigrer les défenseurs du libéralisme économique.
Vidéocratie : dans les sociétés contemporaines, la vidéocratie désigne un régime politique dominé par le « pouvoir de l'image ».
Autre
Abracadabrantesque, néologisme inventé par Arthur Rimbaud et remis au goût du jour par Jacques Chirac (conseillé par Dominique de Villepin) afin de caractériser une idée sans fondement.
Bravitude, néologisme employé par Ségolène Royal lors de la campagne présidentielle de 2007 [3], signifie selon Jack Lang "plénitude d'un sentiment de bravoure"[4].
Pschitt, onomatopée utilisée par Jacques Chirac pour caractériser une argumentation qui s'effondre.
Sidaïque, terme controversé inventé par Jean-Marie Le Pen dans un but de stigmatisation des malades du sida.


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lundi 15 octobre 2007

Le néologisme

Néologisme(s)
Le néologisme est l'invention d'un terme qui répond le plus souvent à un usage nouveau, parfois à une invention poétique.

Dans notre société en changement accéléré, force est de constater que les mots courants ont peine à saisir et à définir les transformations au fur et à mesure qu'elles se produisent. Ainsi s'est imposé le terme de walkman auquel le laborieux baladeur de l'Académie française n'a pas mis un terme. Aussi n'a-t-on pas à s'étonner que les néologismes les plus nombreux soient d'origine anglo-saxonne. Ils "s'imposent", non pas par un décret ou par une autorité, mais par l'usage prévalent qui s'en fait partout. Exemple classique : week-end, puis weekend. Mais aujourd'hui ce sont les changements techniques les plus nombreux et qui entraînent le plus grand nombre de néologismes qui s'invétèrent dans la langue. Ce phénomène est particulièrement fréquent, répétons-le, dans le domaine des techniques : le hardware, le software, les bytes, les bits, les Ram, les Rom font florès.

Au-delà de ses changements techniques, il me semble que d'autres changements plus profonds s'ébauchent qui revendiquent un nouveau type de néologismes. C'est ainsi que j'ai avancé celui de "technoculture" pour désigner le fait que ni la technique, ni la culture ne peuvent de nos jours être traitées isolément (cf. Technoculture). Le néologisme de "technoculture" exprime donc cette hybridation qui devient de nos jours symbiose. De même, je propose l'utilisation du suffixe "-urgie" pour remplacer le suffixe classique de "-logie", sémiurgie vs sémiologie, techno-urgie vs. technologie (cf. techno-urgie). Ces deux exemples mettent en lumière le fait que la sémiologie est et reste l'étude du système des signes, en quelque sorte synonyme de sémiotique. Ainsi la sémiologie de Saussure, de Barthes, ou la sémiotique de Pierce. En revanche, le suffixe "-urgie" (du grec ergon, anciennement wergon; cf. allemand Werk, anglais Work, faire, agir sur) met l'accent sur une intervention, et non plus simplement sur "l'étude de ...". Le mot chirurgie éclaire cette orientation : c'est l'utilisation active de la main qui donne son pouvoir et son statut au chirurgien.

C'est ainsi que j'ai proposé dès "La Mutation des Signes", d'appeler "sémiurgiens" ceux qui, ne se bornant plus à l'étude des signes conformément à l'usage académique ou scientifique, fabriquent et façonnent les signes par tous les moyens et sous toutes leurs formes. Ainsi, un publicitaire n'est pas seulement un homme qui fait de la publicité; il est comme le couturier, comme les metteurs en pages, comme les producteurs de télévision, d'abord et avant tout un sémiurgien. La partie d'action qui correspond au suffixe est symptomatique du changement qui se produit dans notre société où la conception devient quasiment indissociable de l'action et où l'action ne cesse de se répercuter en chaîne.

L'attitude du sémiologue est celle de l'homme d'étude utilisant les grilles et les grades propres à sa condition. Les sémiurgiens, infiniment plus nombreux, se trouvent dans toutes les formes d'activité du monde moderne qu'ils façonnent à la fois selon leur "créativité technique" et selon l'image statistique (cf. Icônes statistiques) qu'ils se font de la cible qu'ils veulent atteindre. Le suffixe "-urgie" ne renvoie donc pas à un état de la nature, mais à une intervention humaine, en précisant que celle-ci se produit toujours avec la machine prise dans son sens général (journaux, télévision, publicité).

Un autre néologisme que j'ai proposé, avec peu de succès il est vrai, est celui de "techno-urgie". Dans l'acception courante, c'est le terme technologie qui s'est imposé jusque dans l'expression "les nouvelles technologies". Mais de fait, l'ambiguïté me paraît requérir une élucidation que l'on peut ramener schématiquement à ceci : une technique est un ensemble de moyens destinés à atteindre un objectif au moyen d'opérations réglées avec l'aide de matériaux déterminés (maçon, mécanicien, réparateur). Cf. Techniques-logies.

Une technologie implique - et c'est là l'un des aspects de l'ambiguïté - quelque chose de plus : le développement d'une technique qui laisse entendre sinon une conscience, du moins une part de conscience que perçoit l'utilisateur et qu'il tend souvent à son insu à transférer à telle ou telle technologie. Ainsi la télévision, la radio, la circulation sont autant de technologies qui ne se réduisent pas à leur simple statut technique mais qui interviennent, fût-ce subrepticement et inconsciemment, au niveau de la communauté des utilisateurs et qui, la communauté vient à propos, donnent précisément le sentiment qu'ils s'agit de moeurs partagées, fût-ce de nature technique.

Le néologisme de techno-urgie apporte un trait de plus, à savoir - et c'est le point que je mets en évidence - que la technique est grosse d'un pouvoir de création. Je réfute par avance l'objection courante : il n'y a de création que par l'homme. En fait, j'observe que sans nier cette proposition, elle ne devient valable que lorsque l'homme est au contact d'une technique qu'il accouche. Certes, le marbre est inerte en soi et seul le ciseau de Michel-Ange le réveille mais il n'y aurait pas eu d'oeuvre artistique en dehors de l'hybridation entre l'homme, la matière et la technique. Acte d'amour?

On peut en effet se demander si l'amour n'est pas par essence l'acte techno-urgique. Comme Athéna, à la fois déesse de l'intelligence et de la technique. Ainsi encore des tabourets forgés par Héphaïstos qui allaient de leur propre chef à l'Olympe pour recevoir l'assemblée des dieux.

Les néologismes expriment un trait fondamental et nouveau de notre époque. En effet, si les néologismes ont existés de tout temps, ils se sont produits dans des périodes relativement stables et au bout d'une durée notable. En revanche, l'accélération de notre société prend la langue en défaut. Celle-ci, incapable de suivre la mutation, doit recourir aux raccourcis évocateurs que sont les néologismes.

Sans parler de néologisme au sens propre, on peut encore se demander si les changements terminologiques dus aux préfixes, aux suffixes, aux mots composés, aux emprunts étrangers ne sont pas autant de phénomènes pour remédier à la dys-chronie linguistique (cf. Préfixes fertiles).

Les néologismes très souvent se concrétisent à l'intérieur de comportements sociaux qui non pas les définissent mais les expriment. Il est difficile aujourd'hui d'échapper au rock que l'on retrouve dans la circulation ou dans les lieux publics. La mode endosse un néologisme en lui conférant l'attitude sociale et l'activité qui l'entérine. Les néologismes ne sont donc pas purement des inventions verbales, Ils ont pour correspondant des attitudes et des activités sociales. Ce faisant, ils sont des comportements collectifs spécifiques (cf. l'importance de la discothèque). Mais on pourrait aussi bien, et je me propose de le faire, montrer comment l'hypermarché, le supermarché modifient fondamentalement les consommateurs en introduisant des néologismes en acte. L'un d'eux, parmi les plus significatifs, est l'introduction du marqueur électronique qui remplace la manipulation de la caissière et qu'aujourd'hui on tend à remettre au client pour que l'opération comptable se fasse au fur et à mesure des achats.

Voir également passage du téléphone fixe au téléphone portable, du commerce classique au commerce électronique, de la vente aux enchères traditionnelle aux enchères électroniques (http://www.ebay.com/)...



René Berger, 15.4.1999

dimanche 14 octobre 2007

Festival du film arabe à Genève

Le festival du film arabe qui se passe sur Genève

J'ai juste soulevé les films libanais mais les autres films sont aussi intéressants,
pour voir tout le programme consulter www.asah.chLundi 15 octobre

22 heures : Le Cerf-Volant de Randa Chahal Sabbag, Liban/France (2003) 80'

Mardi 16 octobre

20 heures : Une vie suspendue de Jocelyne Saab, Liban/Canada/France (1985) 100'

Mercredi 17 octobre

18 heures: Séances de Courts Métrages fiction
L'Ascenseur de Hadeel Nazmy, Egypte (2004) 13'
Tes cheveux noirs Ihsan de Tala Hadid, Maroc/USA (2005) 14'
Le Passeur de Danielle Arbid, Liban/France (1998) 13'
Réflexions croisées de Haïfaa Mansour, Arabie Saoudite (2004) 15'
La Danse éternelle de Hiam Abbas, Palestine/France (2003) 26'
Cendres de Joana Hadjithomas, Khalil Joreige, Liban/France (2003) 26'

20 heures :A perfect day de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Liban/France (2005) 88'


Dimanche 21 octobre

22 heures : FILM DE CLOTURE AVEC APERITIF
Caramel de Nadine Labaki, Liban/France (2007) 96'

Bons films!